La Serie A et son renouveau
La Serie A revient sur le devant de la scène saison après saison, retrouvant peu à peu son attrait d’antan. Une des raisons en est la montée en puissance de la Juventus Turin, qui a recruté Cristiano Ronaldo cette saison, tout en affichant un stade constamment plein et une soif de titres insatiable. Dans ce contexte, les deux clubs de Milan, fraîchement acquis, réinvestissent le marché des transferts et s’efforcent de construire des effectifs robustes. Des responsables sportifs compétents travaillent pour stabiliser des clubs connus pour leurs excès, comme en témoigne le cas de l’AS Roma. En parallèle, certaines équipes à budget limité, telles que la Lazio et l’Atalanta Bergame, font preuve de stratégie intelligente. Toutefois, il serait réducteur de définir l’état du football italien uniquement par la vitrine de la Serie A, car le chaos persiste dans les divisions inférieures et au sein de la fédération italienne. Cependant, une dynamique positive commence à prendre forme. Plus important encore, cette évolution s’accompagne de l’émergence d’une nouvelle génération d’entraîneurs, ambitieux dans leurs idées et leur projet de jeu. À l’image de Maurizio Sarri, Marco Giampaolo ou Simone Inzaghi, ces entraîneurs participent à rendre la Serie A fascinante, car les observateurs prennent plaisir à analyser et décortiquer les animations de leurs équipes. Roberto De Zerbi fait partie de ce groupe. Avec Sassuolo, il se distingue comme l’une des attractions majeures de ce début de saison 2018-2019, ayant battu l’Inter et se retrouvant troisième du classement tout en proposant un football construit et spectaculaire. Tout le monde se pose donc la question : Sassuolo sera-t-il un feu de paille ou peut-il prétendre à de réelles ambitions sportives ?
Le parcours de Roberto De Zerbi
Roberto De Zerbi est l’incarnation parfaite de cette nouvelle génération d’entraîneurs qui émergent en Italie. À l’exception de Sarri, beaucoup d’entre eux accèdent au plus haut niveau assez jeunes, sans nécessairement avoir eu une carrière de joueur exceptionnelle. À 39 ans, De Zerbi entraîne Sassuolo après une saison à Benevento en 2017-2018, après un bref passage à Palerme à l’hiver 2016. Il ne considère pas qu’une carrière de joueur prestigieuse soit indispensable pour devenir un bon entraîneur : « Croyez-moi, il ne suffit pas d’avoir joué au football pour être entraîneur. Bien sûr, cela donne un avantage, mais il faut ensuite étudier, avoir une méthode et un mental intellectuel pour partager sa vision du football. Il faut convaincre, pas imposer. » (Source : FrSérieA, article du 8 septembre 2018).
Évoluant au poste de joueur offensif, il défend une vision précise du football : « Nous ne devons jamais renoncer à la beauté du jeu. En termes de gestion, lorsque je parle du ballon, je parle de divertissement. Si vous faites ce métier, le plus beau du monde, vous devez vous divertir. Le football n’est pas appelé « jeu » par hasard, c’est uniquement en jouant que nous surmontons les difficultés, mais pour cela, il faut être rigoureux, professionnel, et avoir une excellente condition physique. » (Ibid.)
Composition et animation
La phase offensive de Sassuolo : étagement et jeu en déviation
Roberto De Zerbi privilégie deux systèmes de jeu : le 3-4-2-1 et le 4-3-3. Cependant, il considère que le système en lui-même n’est pas décisif ; ce qui compte, ce sont les principes d’animation, en fonction de la qualité de ses joueurs et des circonstances de chaque match. Il n’est pas rare qu’il modifie sa composition en cours de partie, passant d’une défense à trois à un 4-2-3-1 ou 4-4-2 classique. Ce qui importe, c’est sa volonté de placer ses meilleurs joueurs dans les meilleures conditions tout en maintenant une structure claire pour permettre leur expression.
Membre d’un groupe de coaches qu’on pourrait qualifier de « protagonistes », De Zerbi met en avant l’importance de posséder le ballon, de le garder loin de l’adversaire et de déstabiliser l’équipe adverse par un jeu d’attaque réfléchi, plutôt que de compter sur une erreur de l’opposant : « D’un point de vue technico-tactique, je leur rappelle leurs années d’enfance sur de petits terrains. Le seul qui avait la certitude de jouer était celui qui avait le ballon. Aujourd’hui rien n’a changé, nous devons garder le ballon, le passer entre nous, mais il doit nous appartenir. » (FrSérieA, article du 8 septembre 2018).
Avec 52 % de possession et une moyenne de 484 passes par match, on peut dire que son équipe aime le ballon. De plus, De Zerbi ne dispose pas d’un « fuoriclasse » dans son effectif, qui est principalement constitué de jeunes joueurs prometteurs entourant le globe-trotter Kevin Prince Boateng.
Dans ce onze titulaire flexible (De Zerbi aime les rotations), tous respectent scrupuleusement les consignes du coach dans les différentes phases de jeu. Une consigne clé est de ne jamais perdre son calme avec le ballon, d’absorber la pression adverse même dans sa propre moitié de terrain pour créer des ouvertures. Cela mène à des séquences de jeu parfois risquées, mais souvent spectaculaires.
Les transitions et le jeu en déviation
Nombreux sont les joueurs de Sassuolo à exceller dans le jeu en déviation, en tenant compte des appels des coéquipiers, permettant à l’équipe de sortir de situations difficiles et de progresser vers l’attaque. Leur capacité à réagir rapidement et à jouer en un toucher de balle est cruciale pour ce jeu.
En phase de relance, l’équipe réussit à sortir de pressings adverses en utilisant des passes rapides et en triangle, ce qui leur permet de faire avancer le ballon verticalement à chaque succession de passes réussies. Une coordination tactique soigneusement intégrée, alliée à de bonnes qualités techniques individuelles, est indispensable pour Sassuolo afin de surmonter n’importe quelle pression adverse.
La phase de défense
En défense, Sassuolo pratique un jeu risqué, attirant souvent l’adversaire près de leur surface pour mieux les contrer. Ils gardent un bloc défensif compact, cherchant à réduire les options de passe de leurs adversaires. De Zerbi exige de ses joueurs une anticipation rigoureuse et une lecture précise du jeu, afin de verrouiller les espaces et freiner les assauts ennemis.
Conclusion
Malgré des imperfections, le niveau élevé de la Serie A rend difficile la régularité. Cependant, avec un entraîneur comme Roberto De Zerbi, qui a su instaurer des principes de jeu clairs et attrayants, Sassuolo pourrait composer ses ambitions et s’inviter dans la course aux places européennes, notamment en Ligue Europa. En effet, avec son effectif jeune et désireux de briller, Sassuolo pourrait bien devenir une force en Italie. Si certains dirigeants cherchent un entraîneur talentueux avec une vision footballistique distincte, De Zerbi pourrait s’avérer être un choix judicieux venant d’Italie.

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